La sexualité humaine est fascinante dans sa diversité, et parmi les nombreux fantasmes existants, certains peuvent sembler à la fois curieux et déroutants. L’"ergophilie", par exemple, désigne une forme de paraphilie où l'excitation sexuelle est provoquée par les travaux et les tâches du quotidien. Bienvenu dans le point G!
Ce fantasme, qui peut sembler improbable à première vue, illustre à quel point les éléments ordinaires de la vie peuvent devenir des déclencheurs érotiques pour certaines personnes. Organiser une "to-do list", remplir sa déclaration d'impôt ou même aller chercher un colis à la Poste peut ainsi devenir une source de plaisir intense.
L'ergophilie vient du mot grec « "ergon" », qui signifie travail, et « "philia" », qui se réfère à l'amour ou à l'attraction. L’ergophilie consiste donc à éprouver une "excitation sexuelle liée aux tâches à accomplir", qu’elles soient domestiques, administratives ou professionnelles. Ce n’est pas simplement l'idée de réaliser ces tâches qui stimule les ergophiles, mais bien la perspective de les faire et le processus même d’organisation.
Ce fantasme peut prendre des formes variées : cela peut aller de la simple excitation face à une liste de tâches bien organisée, jusqu'à un sentiment érotique intense en s'occupant de responsabilités comme remplir une déclaration fiscale. Les ergophiles ne se contentent pas d'être satisfaits par le fait de compléter des tâches, ils en retirent un plaisir érotique qui transcende le simple accomplissement.
Un des aspects clés de l’ergophilie réside dans le "contrôle" que ces tâches représentent. La sexualité et le contrôle sont souvent intimement liés : certaines personnes trouvent l'excitation dans la maîtrise d’une situation, et le fait d’organiser, de structurer et de cocher des cases sur une liste donne un sentiment d’ordre et de puissance. Pour les ergophiles, ce contrôle sur les petites choses du quotidien peut se transformer en une véritable stimulation sexuelle.
"Elodie, 35 ans", partage son expérience avec l’ergophilie :
_« J’adore faire des listes. Mais plus que ça, le simple fait de commencer à les écrire m’excite. Quand je planifie mes tâches de la semaine, je ressens un plaisir intense, c'est comme une montée d’adrénaline qui me parcourt. Certains se moquent de moi, mais organiser ma journée me donne un sentiment de contrôle qui, pour une raison que je ne comprends pas encore totalement, est extrêmement érotique pour moi. »_
Ce sentiment de contrôle peut également être lié à un besoin psychologique de réguler des émotions ou des situations perçues comme imprévisibles dans la vie quotidienne. Pour certains, l'organisation devient un rituel érotique, un moyen de maîtriser l’environnement tout en s'offrant une forme de plaisir intime.
L’ergophilie pourrait aussi être associée à la "gestion du stress" et de la "charge mentale". Dans nos sociétés contemporaines où la productivité est valorisée, les tâches s’accumulent souvent, créant un sentiment de surcharge mentale. Or, pour les personnes ergophiles, le fait d’accomplir des travaux ou de structurer ces responsabilités peut être non seulement apaisant, mais aussi érotiquement stimulant. L’idée d'être performant, d'atteindre des objectifs ou de cocher des cases devient une forme de gratification instantanée qui se traduit par une excitation sexuelle.
"Thomas, 40 ans", explique :
_« Quand je sens que j’ai trop de choses à faire, je fais une liste. Rien que de la rédiger me calme, mais ce n’est pas tout. J’ai découvert avec le temps que ça m’excitait aussi. Parfois, c’est en triant mes papiers, ou en rangeant ma boîte mail. Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais j’ai l’impression que plus j’en fais, plus j’éprouve du plaisir. »_
Cette connexion entre stress, organisation et excitation pourrait indiquer que, pour certains, "l’ergophilie est une manière inconsciente de compenser un besoin de relâchement ou de contrôle" dans un environnement perçu comme exigeant.
Comme beaucoup de fantasmes, l’ergophilie peut être vécue différemment selon les personnes. Pour certains, c’est une forme de jeu érotique qu’ils intègrent dans leur quotidien, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une dimension privée qui reste dans l’imaginaire. Ce fantasme souligne que "les déclencheurs de l'excitation sexuelle peuvent être complètement déconnectés des situations traditionnellement perçues comme érotiques".
Une sexologue, explique que « "les fantasmes ne suivent pas de règles strictes". Ce qui peut paraître anodin ou ennuyeux pour certains peut devenir une source d’excitation pour d’autres. Le cerveau humain est complexe, et ce qui suscite l’excitation peut parfois nous surprendre, même nous-mêmes. »
L’ergophilie, tout comme d’autres fantasmes inhabituels, n’a pas besoin d'être directement compris pour être accepté. Ce qui importe, c'est que les personnes concernées se sentent bien avec ces désirs et qu’ils soient intégrés de manière respectueuse et consentie dans leur vie intime.
Peut-on parler de son fantasme d’Ergophilie à son partenaire ?
Comme pour tout fantasme sexuel, la question de savoir s'il faut le partager avec son ou sa partenaire est cruciale. L'ergophilie, bien qu'inhabituelle, n’est pas plus étrange que d'autres paraphilies ou désirs atypiques. La clé réside dans la "communication" et la compréhension au sein du couple. Si une personne ergophile décide d’en parler, il est essentiel que son ou sa partenaire l’accueille avec respect et ouverture.
"Marie, 28 ans", raconte comment elle a partagé son fantasme avec son partenaire :
_« J’avais un peu honte d’en parler. Après tout, qui fantasme en pensant à des déclarations d’impôt ? Mais un jour, je lui ai dit, et contre toute attente, il a trouvé ça drôle et mignon. Depuis, on s’amuse parfois à faire des jeux de rôles autour de tâches à accomplir, et ça pimente notre relation. »_
L’exemple de Marie montre que lorsque le partage se fait dans un cadre de bienveillance, il peut enrichir la complicité dans le couple. Il n’est pas nécessaire que le partenaire partage le même fantasme pour qu'il puisse être compris ou même intégré dans la dynamique relationnelle.
L’ergophilie, bien que surprenante, nous rappelle que "la sexualité humaine est multiple et complexe". Les déclencheurs du désir peuvent être aussi variés que l’imagination le permet, et ce qui semble anodin pour la majorité peut devenir une source d'excitation intense pour certains. Tant que ces désirs sont vécus dans un cadre respectueux et consentant, il n’y a aucune raison de juger ou de refouler ces fantasmes.
La sexualité est un terrain de liberté, où chacun est libre d’explorer ses désirs, qu’ils soient conventionnels ou inhabituels. L’ergophilie, comme d'autres paraphilies, nous montre que même dans les tâches les plus ordinaires, il est possible de trouver une forme de plaisir.
En espérant que vous trouviez votre point G, en tout cas celui-ci est terminé.
Que le plaisir soit avec vous. C’était le point G.